B. MÜLLER, Maire de BOBINGEN- (Photo AADEI)
Réception officielle du dimanche 9 novembre en Mairie d'Aniche à l'occasion de la célébration des 45 ans de jumelage entre Aniche, Bobingen et Novy Bor.
Discours de Monsieur B. Müller (Traduit en Français par Mme FALKENHEIN).
Chers
amis d'Aniche,
Chers collègues de Novy Bor,
Mesdames et Messieurs,
Hans-Dietrich Genscher, l'ancien ministre des affaires étrangères de
l’Allemagne, est entré dans l'histoire
étant donné qu'il avait décidé, il y a vingt-cinq ans précisément, à Prague, de
permettre aux citoyens de l'Ex-RDA qu'ils partent en Allemagne de l'ouest. Ce
fut lui également qui a qualifié les citoyens et les citoyennes qui s’engagent
pour les jumelages entre deux villes, « d'ambassadeurs en fonction
bénévole ». Cet énoncé est très pertinent, à mon avis, parce que, d'une
part, tous ceux qui s'engagent pour les jumelages, ont un message à
transmettre, et d'autre part, ils ont un talent diplomatique qui leur permet de
démarrer le processus de réconciliation et d'entente mutuelle entre la France
et l'Allemagne.
Qui aurait pu s'imaginer, il y a un siècle, que nous nous rencontrions
aujourd'hui, dans une ambiance de paix et d'amitié, pour commémorer l'histoire
douloureuse qui a marqué les relations entre nos deux peuples, pour nous rendre
compte du tribut en vies humaines que nos grands-parents et
arrières-grands-parents ont dû payer - sur les champs de batailles, dans leurs
villages et leurs villes -, nous nous sommes rassemblés ici pour rappeler que
la guerre, la haine et la colère n'existent plus dans l'Europe de nos jours et
que ces motifs ne devront plus jamais nous servir de guide sur notre chemin de
la construction de l'avenir.
Les membres de notre association locale « d'Hochsträssler » ont
réalisé, à titre bénévole, une exposition modèle qui a pour sujet la vie de nos
concitoyens pendant la période de la Première Guerre Mondiale. Cette
documentation est présentée actuellement à l'hôtel de ville de Bobingen.
Il importait beaucoup à l'association de rappeler non seulement la vie des
citoyens de Bobingen, mais aussi la situation telle qu'elle se présentait
pendant la « Grande Guerre » dans notre ville jumelée. Pour cela,
quelques affiches de l'exposition sont consacrées aussi à votre ville.
J'ai l'honneur de vous rendre, après mon discours, au non de l’association et
au nom de la citoyenneté, une copie de cette exposition. Pour ce qui des
affiches sur Aniche, c'ést Madame Falkenhein, qui a pris une part prépondérante
à l'adaption et à la traduction des textes.
De
nombreux citoyens d'Aniche et de Bobingen ont animé, ces dernières décennies,
les relations entre nos deux villes, ce qui fait que lors des visites
réciproques, il semble qu’on rencontre, à chaque fois, de bons amis et qu’on se
retrouve dans des endroits bien connus et familiers. Il est vrai que le
jumelage fait partie de la vie quotidienne de notre commune.
Le succès de ces liens amicaux est dû aux ambassadeurs de la première heure qui
ont bien accompli leur mission. En jetant un regard rétrospectif sur notre
jumelage, on peut dire, à juste titre, qu'il est bien réussi. C'est ce qu'on
peut dire aussi des autres jumelages.
Au début, ce succès n’était pas évident, étant donné que les premiers
jumelages entre des villes allemandes et
d'autres villes d'Europe sont nés une vingtaine d'années seulement après la fin
de la deuxième guerre mondiale.
A l'époque, l'engagement pour l'entente, la paix et pour une Europe unie était
considéré comme une utopie. Se lier d'amitié avec ses anciens ennemis semblait
pour beaucoup de gens quasiment impossible. Ceux qui croyaient au succès de ces
relations n’étaient pas majoritaires.
Aujourd'hui, nous constatons que nous sommes très poches de l' objectif que
nous nous sommes fixé à l'époque.
L'Europe de l'ouest a vu la plus longue période de paix que notre continent
n'ait jamais connue – et les pays de l'Europe de l'est participent,
aujourd'hui, à cette intégration mutuelle.
L'entente
entre les peuples est motivée par maintes raisons, mais ce sont sans aucun
doute les jumelages entre les villes qui ont contribué à cette compréhension
mutuelle grâce à ces rencontres régulières entre les hommes.
Il importe d'impliquer les citoyens et les citoyennes. L'unification de
l'Europe devient réalité quand les hommes des différents pays européens le
veulent.
Certes, les chartes signées par les hommes politiques sont importantes, mais il
est indispensable que les citoyens, eux aussi, se sentent proches, les uns des
autres et qu'ils arrivent à comprendre les décisions politiques.
Dans ce domaine aussi, nous constatons des progrès remarquables. La monnaie
unique, l'euro, a été bien accueillie, en général, et depuis le tournant de
1989/1990 (dix-neuf-cent quatre-vingt neuf/ quatre-vingt-dix) l'Europe prend
conscience de ses racines qu'elle a en commun et de son histoire qu'elle a en
partage.
Mais vous savez bien qu'il existe encore et toujours des moments difficiles et
des ressentiments.
D'autres manières et d'autres conceptions des choses s'expliquent souvent par
une autre culture et une autre tradition. Il existe toujours des différences,
bien qu'aujourd'hui les idées et les progrès naissent plus au niveau mondial
que ce n'était le cas il y a quelques décennies. Aujourd'hui encore, il
convient d'être ouvert et curieux pour découvrir des choses inconnues et de les
examiner de plus près. En effet, aujourd'hui encore, rien ne remplace les
expériences et les découvertes qu'on a fait soi-même.
Dès le début, ce n'étaient pas seulement les chargés de fonction, qui ont animé
les jumelages, ce n'étaient pas seulement l'affaire des hommes politiques.
C'étaient les citoyens de Bobingen qui
ont noué un réseau très dense de contacts, à partir de 1969 : il y avait
des rencontres de toutes sortes : entres les jeunes, les personnes âgées,
les artistes et les sportifs, entre les différentes associations et, bien sûr,
entre les hommes politiques
Ces rencontres et cet échange d'expériences ont contribué à ce que les citoyens
apprennent à mieux se connaître et à se comprendre mutuellement, à comprendre
les soucis des autres, leur vie de tous les jours. Certes, les médias nous
tiennent bien au courant de ce qui se passe dans le monde, mais cela ne
remplace pas l'entretien en direct entre les individus.
Quant aux jumelages, nous pourrions dire, que la mission est bien accomplie et
qu'on peut mettre de côté les documents du jumelage, mais non - il s'agit de
renouveler toujours et toujours les liens amicaux pour garder l'amitié et les
bonnes relations qu'il faut sans cesse cultiver.
La meilleure façon d' entretenir nos contacts, c'est d'encourager les jeunes à
participer aux échanges pour qu'ils puisse vivre des expériences dans l'autre
pays. Ceux qui sont déjà allés chez les voisins, gardent des souvenirs
inoubliables et profitent au maximum de leur séjour. Il n'est pas rare qu'ils
nouent des liens d’amitié qui durent, parfois, toute une vie.
Les hommes du monde entier se rapprochent de plus en plus et les gens
commencent à se comprendre de mieux en mieux. Il faut prendre conscience que
nous vivons sur une seule planète. Et pour revenir sur l'Europe, il faut créer
une identité européenne. L'Europe unie à laquelle nous aspirons ne se construit
pas par des ordres imposés par le haut, mais il faut que l’Europe se construise
par la base, c'est à dire par nos jumelages.
Les jumelages, c'est la démocratie vécue, car ils sont basés sur l'engagement
des citoyens. Ces « ambassadeurs », comme mentionné ci-dessus, sont
très engagés, mais eux-mêmes, profitent de leur engagement. Non seulement , ils
apprennent à connaître d'autres façons de voir les choses, mais ils voient
qu'ils sont à même de faire bouger les choses.
C'est ce qui compte, à l'heure actuelle, car peu de choses se décident encore
au niveau national , sans parler du niveau communal, alors, les jumelages
ouvrent des nouveaux champs d'activités et ils donnent la possibilité
d'intervenir au niveau mondial. Par là, une petite ville agit à
l’internationale et un citoyen ordinaire devient ainsi ambassadeur
international.
C'est le message de cette rencontre : il y aura beaucoup de choses à
discuter, mais aussi beaucoup de responsabilités à prendre et une mission à
accomplir :
`
à savoir : il faut construire un
avenir de paix et d'amitié ensemble.
Vivent les quarante-cinq ans de notre jumelage !